Nous avons eu à déplorer, comme d’autres villes de la Métropole et de nombreux quartiers en politique de la ville, deux nuits consécutives d’émeutes urbaines les 28 et 29 juin 2023.Les dégâts que nos services publics ont eu à subir sont considérables. Notamment, l’incendie et le saccage de la maison des jeunes Jacques Prévert ainsi que des tentatives d’intrusion et des dégradations sur la mairie annexe des Oliveaux.L’église de la Trinité, au cœur de ce quartier, et l’épicerie solidaire la Pioche ont été de même la cible des émeutiers avec pour conséquence la mise à sac de l’épicerie et l’impossibilité pour cette EBE de remplir sa mission sociale pendant quelques temps. Les riverains se sont portés au chevet de l’EgliseLa ville a mobilisé tous ses moyens, consistant en la projection d’équipages renforcés de police municipale, de prestations nouvelles de gardiennage et de l’activité renforcée sur le terrain de ses médiateurs éducatifs.Nous faisons néanmoins le constat que nous sommes localement démunis face à l’ampleur de tels événements qui requièrent les moyens liés au maintien de l’ordre républicain.Nous constatons également le désarroi et la peur qui s’installent parmi nos administrés, notamment chez les plus fragiles.Je rends hommage aux équipes techniques de la ville qui s’affairent à effacer le jour les méfaits de la nuit pour tenter de restituer à nos concitoyens une ville humaine.Je rends hommage aux pompiers et aux forces de l’ordre qui sans relâche interviennent dans des conditions de vulnérabilité inimaginables il y a quelques années.Je remercie les habitants des Oliveaux de leur calme et de leur coopération exemplaire avec une ville tournée vers l’avenir et le mieux vivre ensemble.Je remercie les 20 jeunes du quartier des Oliveaux qui sont venus nous prêter main forte pour remettre en état la Maison des Jeunes et la bibliothèque Prévert.Écoutons à présent ces quelques vers de Victor Hugo, d’un autre temps et toujours tristement d’actualité :
A qui la faute ?
« – Tu viens d’incendier la Bibliothèque ?
* Oui.
J’ai mis le feu là.
– Mais c’est un crime inouï !
Crime commis par toi contre toi-même, infâme !
Mais tu viens de tuer le rayon de ton âme !
C’est ton propre flambeau que tu viens de souffler !
[…]
Car toute conscience est un nœud gordien.
Le livre est ton médecin, ton guide, ton gardien.
Ta haine, il la guérit ; ta démence, il te l’ôte.
Voilà ce que tu perds, hélas, et par ta faute !
Le livre est ta richesse à toi ! c’est le savoir,
Le droit, la vérité, la vertu, le devoir,
Le progrès, la raison dissipant tout délire.
Et tu détruis cela, toi !
* Je ne sais pas lire. »
Nous refusons que notre pays continue de sombrer. Nous refusons de regarder passivement les mairies brûler, les magasins pillés, les domiciles de maires attaqués notamment la nuit de samedi à dimanche au mépris de la sécurité de leurs familles. Malheureusement, cette situation ne nous surprend pas. Les maires de France alertent depuis des années les pouvoirs publics sur la dégradation de la société. Il faudra en tirer le moment venu toutes les conclusions en termes de politiques publiques nationales et sans aucun doute les faire évoluer.
En attendant, nous enjoignons à l’État, qui a la responsabilité du maintien de l’ordre et dont la vocation est de protéger la société, de rétablir la sécurité par tous moyens de droit traduits en opérationnalité.
La mort d’un jeune homme tué à Nanterre mardi dernier a soulevé une énorme émotion. La justice s’est saisie le jour même de l’affaire. Il est indispensable que toute la lumière soit faite sur ce drame.
Depuis, partout sur le territoire national, nous faisons face à un cycle inouï de violences non excusable par le premier évènement.
Malgré l’intervention des forces de l’ordre et des pompiers, des familles sont mises en danger et doivent être évacuées. Leurs biens personnels sont détruits. Des commerces et des entreprises voient leurs locaux pillés et incendiés. Des maires sont menacés, injuriés ou frappés, des bâtiments communaux saccagés, le service public mis à mal dans ses missions quotidiennes au service de tous.
Ces actes de violence sont inacceptables et pénalisent en premier lieu l’ensemble de nos concitoyens.
Avec l’AMF, nous partageons ce qui suit :
Les destructions d’écoles et de bibliothèque sabordent les outils d’accès à la connaissance, à l’éducation et à la culture, donc à l’égalité des chances.
L’effet délétère des images et des réseaux sociaux renforce la stigmatisation des quartiers en politique de la ville, première cible.
Les violences contre les élus attaquent le cœur de notre démocratie. La dérive des comportements n’a aucune issue et aggrave les difficultés que leurs auteurs prétendent dénoncer.
Les maires sont profondément attachés à l’unité et à la cohésion de notre pays : ils y contribuent chaque jour en agissant au plus près des citoyens. Ils observent avec consternation le déchaînement de violence qu’impose au pays une minorité. Mais, ils ne s’y résignent pas et sont résolus à le proclamer fermement.
Les Maires de France appellent l’État à rétablir l’ordre républicain : c’est sa responsabilité pleine et entière. Il ne peut y avoir de Justice sans ordre.
Les Maires de France appellent à une mobilisation civique de la société et des parents afin que nos valeurs républicaines éducatives soient partagées avec les plus jeunes dès leur naissance. On ne cesse jamais d’être parent.
A nous, maires, il appartiendra de tirer lucidement les leçons de cette crise, d’en décortiquer les ressorts profonds, de retisser les liens rompus et inlassablement de construire la cohésion dont notre Nation a tant besoin.
Vive la République, vive la France.